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29/02/2012

Robert Dun – L’âme européenne.

Robert Dun – L’âme européenne.

 

En 1994, les éditions Crève-Tabous publiaient « L’âme européenne, réponse à Bernard-Henri Lévy » dans laquelle Robert Dun « lance ses flèches en tir groupé sur les religions « révélées » : les trois monothéismes dans lesquels il voit une inversion de la réalité, un total étouffement de la joie de vivre. Parce qu’impérialistes et universalistes avec leur dogmatisme totalitaire elles sont une catastrophe qui s’abat sur l’humanité où celle-ci peut périr ».

( Zani / « Rencontres avec Robert Dun » )

 

Épuisée depuis, cette « Âme européenne » qui n’a pas pris une ride est enfin rééditée par « les Amis de la Culture européenne » qui avertissent :

« l’Âme européenne traînée dans la boue dans Le Testament de Dieu par l’un des prophètes de l’antinature et des monothéistes lugubres bouffeurs de vie et de joie, est en passe de disparaître de la face du monde ainsi que les peuples qui l’ont magnifiée sous le jeu même plus subtil des thuriféraires de l’ordre marchand qui appliquent à la planète et ses formes de vie les règles du Monopoly. Voilà pourquoi le cri de Robert Dun est un cri auquel il nous faut impérativement faire écho. Et les tonalités désespérées de nombreuses pages ne peuvent que nous encourager à crier avec lui, et si possible plus fort et plus loin que lui,  portés que nous sommes par le souvenir et la puissance réincarnée de nos millions d’ancêtres et par les yeux luisant d’innocence et de rêve de nos propres enfants. »

 

( http://lecheminsouslesbuis.wordpress.com/ )

 

Robert Dun - l'âme européenne.jpg 

Livre à commander chez : http://editions-ace.com/

 

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Je commence par adresser à Bernard-Henri Lévy un jubilant merci  et ce merci est sans la moindre trace d'ironie. En effet, dans son ouvrage « Le testament de Dieu », Bernard-Henri LEVY définit avec une netteté insurpassable les clivages sans doute irréductibles entre la religiosité juive et les religiosités dites païennes, qu'elles soient de références hindoues, japonaises, chinoises, amérindiennes, slaves, celtiques, germaniques ou gréco-romaines.

Ce livre est une éclatante confirmation de la distinction que j'expose dans mes livres et des dizaines d'articles entre les religions dites révélées, que je définis comme religions du désert sur la base de la psychanalyse jungienne, et les religions dites païennes auxquelles je restitue leur nom adéquat : religions naturelles.

L'image de la couverture est déjà tout un programme et point n'est besoin d'être féru de psychanalyse pour en sentir la signification: masses géométriques sans grâce évoquant des parallélépipèdes de béton sans fenêtres, un univers de béton et de macadam, fabriquant bien connu de jeunes désespérés délinquants, des abris sans ouvertures pour recroquevillés apeurés par le monde extérieur.

Cette image annonce déjà clairement cette phrase du livre sur « l'homme soumis à l'horreur de la nature ». Le contenu idéologique du style témoignent d'une immense érudition, mais… la connaissance intellectuelle ne donne pas la moindre clé pour la compréhension des problèmes culturels.

Mes réponses s'adressent à un auteur pour qui « l'arbre est nazi », qui parle du « fascisme au son des binious », qui prône de « détruire tous les bosquets sacrés ». Je tiens à réfuter d'avance l'accusation de nazisme. Je refuse le dilemme réduit à une opposition aryanisme / judaïsme car ce dilemme concerne toutes les régions naturelles, profondément parentes et tous les monothéismes, également profondément parents.

Je ne rejette aucun penseur en fonction de sa race. Je suis un admirateur passionné de l'Arabe libanais Khalil Gibran au point d'avoir offert une cinquantaine d'exemplaires de son ouvrage « Le prophète » à des amis. Je suis également admirateur passionné de l'écrivain juive Christiane Singer et j'ai fait lire son ouvrage « La guerre de filles » à des dizaines d'amis comme merveille de restitution de la sensibilité « païenne ».

Je n'en suis que plus à l'aise pour mettre en évidence le fanatisme des religions du désert et de certains de leurs promoteurs.

(…)

Ce siècle aura entendu trois déclarations qui ont en commun de mettre en lumière l'incommensurable prétention des fanatiques des religions du désert.

La première est de votre coreligionnaire Walter Rathenau, chancelier de la République de Weimar dans les années 20 ; il dit en parlant des Juifs :

- « Savez-vous quelle est votre mission sur terre ? C'est d'amener tous les hommes au pied du Sinaï. Si vousn'écoutez pas Moïse, c'est Jésus qui vous y amène ; et si vous n'écoutez pas Jésus, c'est Karl Marx ».

La seconde, la plus connue, est du Pape Pie XI :

- « Spirituellement nous sommes tous des Sémites ».

Et la troisième est de vous-mêmes, comme titre d'un chapitre de votre Testament de Dieu :

- « Nous sommes tous des enfants d'Israël ».

Ma réponse aux trois est simple : Mêlez-vous de ce qui vous regarde. Si spirituellement je suis sémite, aryen, hindou, chinois, aztèque ou papou, c'est à moi et à moi seul à en décider. Pour que tout soit bien clair et que vous puissiez prétendre que je suis un Sémite qui s'ignore, je précise ce qui suit et que j'ai déjà exprimé dans plusieurs livres et articles : « Les trois religions du désert, Judaïsme, Christianisme et Islam, ont en commun un Dieu qui ordonne et interdit, récompense et punit, exige un culte exclusif. Pour notre sensibilité, cette perception du divin est une perception d'esclaves ».

Nous faisons nôtre la réponse du duc des Saxons, Widukind, au moine borné venu lui casser les oreilles dans sa cellule de prisonnier pour tenter de le convertir : « Ma mère m'a donné son lait sans y mettre de conditions ; elle était meilleure que ton Dieu ».

Nous rejetons toutes les « révélations » comme des phénomènes pathologiques et de fumisteries. Le « Dieu » du Sinaï n'a pas pensé à nous parler des devoirs envers les enfants, les animaux, les plantes. Or, nous autres païens percevons l'âme jusque dans le minéral.

(…)

Pour terminer, ce sous chapitre sur le paganisme en négatif, pour bien montrer que nous n'avons rien à voir avec « des Sémites qui s'ignorent », voici de la manière la plus concise les raisons de notre différence consciente :

- Nous refusons la notion de Dieu-juge parce que nous ne nous sentons pas coupable d'exister, même avec nos imperfections.

- Nous refusons la notion de Rédempteur parce que notre dignité nous impose de porter notre destin éternel ( d'accord sur ce point avec le Bouddhisme ).

- Nous refusons la notion de « Bon Pasteur » parce que nous ne sommes pas des moutons.

(…)

Grâce à vous, B-H Lévy, nous pourrons effectuer des pas décisifs dans la prise de conscience européenne, car vous exposez avec une clarté inégalée tout ce que les monothéismes ont d'irrecevable pour notre esprit et notre sensibilité. Cela me permettra de passer sur les injures fanatiques et agressives que vous déversez contre la personnalité européenne authentique.
Votre dégoût ne m'a pas contaminé et je ne vois toujours pas ce que les plus antiques polythéismes peuvent contenir « d'obscurantisme lâche », ce que l'esprit des bois peut avoir de hideux ; non seulement je ne me sens pas « soumis à l'horreur de la nature » mais j'ai le mauvais goût de trouver cette nature débordante de joies diverses ; j'aime les paysages, la forêt, la mer, la lumière, la nuit et la lune, les animaux libres ; je pousse le mauvais goût jusqu'à trouver paradisiaque la compagnie d'une femme dans mon lit.

Et ce qui est pire : partout je perçois des âmes et des esprits.

(…)

Je me contenterai de réfuter vos assertions les plus émergentes. Mais surtout je m'attacherai à restituer clairement la gnose « païenne ». Les féroces persécutions des religions du désert ont fait oublier l'essentiel du patrimoine européen et accrédité l'idée qu'il n'y avait de possible que l'athéisme ou l'une des trois religions intolérantes : Judaïsme, Christianisme, Islam. L'esprit européen est si bien oublié que ceux qui cherchent une issue hors du carcan se tournent vers les doctrines orientales.

Et ils tombent de préférence dans les filets de celles qui ont en commun avec les religions qu'ils croient fuir le refus de la vie, de la « roue du Samsara ». On ne secoue pas d'épaules près deux millénaires de dictature spirituelle sémitique.

 

Robert DUN.