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01/05/2014

Premier mai

Premier mai

 

La fête internationale telle qu'elle est célébrée de nos jours tire son origine des combats du mouvement ouvrier pour obtenir la journée de huit heures, à la fin du XIXéme siècle.

Aux États-Unis, au cours de leur congrès de 1884, les syndicats américains se donnent deux ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à huit heures. Ils choisissent de débuter leur action le 1er mai, date du moving day parce que beaucoup d’entreprises américaines entament ce jour-là leur année comptable, et que les contrats ont leur terme ce jour-là, l'ouvrier devant déménager (d'où le terme de moving day) pour retrouver du travail. La grève générale du 1er mai 1886, impulsée par les anarchistes, est largement suivie. Ils sont environ 340 000 dans tout le pays.

À Chicago, la grève se prolonge dans certaines entreprises, et le 3 mai 1886, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester. Le lendemain a lieu une marche de protestation et dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse à Haymarket Square, il ne reste plus que 200 manifestants face à autant de policiers.

C’est alors qu'une bombe explose devant les forces de l’ordre. Elle fait un mort dans les rangs de la police. Sept autres policiers sont tués dans la bagarre qui s’ensuit. À la suite de cet attentat, cinq syndicalistes anarchistes sont condamnés à mort ; quatre seront pendus le vendredi 11 novembre 1887 (connu depuis comme Black Friday ou vendredi noir) malgré l’inexistence de preuves, le dernier s’étant suicidé dans sa cellule. Trois autres sont condamnés à perpétuité.

En 1893, le gouverneur progressiste de l'Illinois signe des pardons pour les syndicalistes encore détenus, en raison de la fragilité de l'enquête et du processus judiciaire.

 

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premier mai,1er mai,fête du travail,haymarket square,jules guesde,maréchal pétain,pétain,muguet,daniel mayerEn 1889, la IIéme Internationale socialiste se réunit à Paris, à l'occasion du centenaire de la révolution française et de l’exposition universelle.

Sous l’impulsion de Jules Guesde (photo de gauche) et de son P.O (Guesde inventera le terme de « fêtes du travail » en 1890) et sur une proposition de Raymond Lavigne, cette Internationale décide le 20 juillet 1889 de faire de chaque 1er mai une journée de manifestation avec pour objectif la réduction de la journée de travail à huit heures (soit 48 heures hebdomadaires, le dimanche seul étant chômé). Le 1er mai 1890, l'événement est ainsi célébré dans la plupart des pays, avec des participations diverses.

Le 1er mai 1891, à Fourmies, dans le Nord, en France, la manifestation tourne au drame : la police tire sur les ouvriers et fait neuf morts. Avec ce nouveau drame, le 1er mai s’enracine dans la tradition de lutte des ouvriers européens. Les militants épinglent une églantine écarlate (Rosa canina ou Rosa rubiginosa), fleur traditionnelle du Nord, en souvenir du sang versé (et en référence à Fabre d'Eglantine).

Quelques mois plus tard, à Bruxelles, l'Internationale socialiste renouvelle le caractère revendicatif et international du 1er mai.

 

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Le 23 avril 1919, le Sénat ratifie la journée de huit heures et fait du 1er mai suivant une journée chômée. En 1920, la Russie bolchevique décide que le 1er mai sera désormais chômé et deviendra la fête légale des travailleurs.

 

 

premier mai,1er mai,fête du travail,haymarket square,jules guesde,maréchal pétain,pétain,muguet,daniel mayerLe 24 avril 1941, le maréchal Pétain instaure officiellement par la loi Belin le 1er mai comme « la fête du Travail et de la Concorde sociale », appliquant ainsi la devise Travail, Famille, Patrie (par son refus à la fois du capitalisme et du socialisme, le régime pétainiste recherche une troisième voie fondée sur le corporatisme).

À l’initiative de René Belin, ancien dirigeant de la frange anti-communiste de la C.G.T, devenu secrétaire d’État au travail dans le gouvernement de François Darlan, le jour devient férié, chômé et payé. L’églantine rouge, associée à la gauche, est remplacée par le muguet.

 

Cette fête disparaît à la Libération.

 

En avril 1947, sur proposition du député Daniel Mayer et avec le soutien du ministre communiste du Travail Ambroise Croizat, le 1er mai est ré-institué jour chômé et payé dans le code du travail, sans être pour autant une fête nationale, mais il n’est pas officiellement désigné comme fête du Travail… Ce n’est que le 29 avril 1948 que sera officialisée la dénomination « fête du Travail » pour le 1er mai.

 

Extrait(s) d'un article de Wikipédia 

 

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03/03/2013

3 mars (1940), journée nationale du vin chaud du soldat.

 

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Photos tirées de "Affiches 1939-1945"

Stéphane Marchetti / France Loisirs

02/03/2013

De l’art de la sidération

Extrait de « La guerre des mots », d’Ivan Karpeltzeff

( Les Éditions de la Forêt / 2005 )  

 

De l’art de la sidération

 

Pour décourager les velléités de regroupement contre ses premières menées subversives, on s’efforcera par ailleurs d’insuffler aux individus le sentiment de leur impuissance : il faut les « sidérer » (disait Babeuf), les inhiber, les rendre isolés, déroutés, ridicules. Dans cette optique, le « Peuple » n’est plus qu’une vague silhouette de carton sans visage, qu’on brandit habilement pour engendrer une race de bovins apathiques et craintifs, ceux que Bernanos appelait les « décolorés »…

(…)

Isolés, déroutés, ridicules ? Qu’on aille pas croire qu’il faut pour cela de sombres et subtiles manipulations machiavéliques d’intellectuels pervers, à l’usage d’intellectuels tout aussi pervers de l’autre camp, comme les médias aiment à caricaturer – dans le registre « feuilletons », mais bien sûr surtout pas dans le registre « information » – la guerre des services secrets. Au contraire, la manipulation s’en prend au cadre de la vie quotidienne, et des exemples sont hélas indispensables pour montrer à quel point deviennent nocives des fabrications, admises comme des évidences, qui devraient tout au plus faire rire, ou hausser les épaules, les citoyens d’une culture qui aurait échappé à la gangrène constructiviste :

– Citons d’abord les « journées mondiales » de ceci ou de cela, en observant, en une sorte de pléonasme surréaliste, qu’il y en a plusieurs chaque jour ; et en soulignant que les journées mondiales de ceci ou cela sont passées de mode : il n’y a plus guère désormais que des journées mondiales contre ceci ou contre cela… même si le « contre » peut encore être retournée en « pour » par les techniques de trafiquage du vocabulaire examinées plus haut. N’y a-t-il pas une « Journée mondiale pour le refus de la misère et de l’exclusion » ? Toujours l’incantation totémique : comme si « militer pour le refus » de la misère avait le moindre lien avec la suppression de cette dernière… On nous pardonnera aussi – ou pas – de rappeler qu’il y a quelques années, la première « Journée mondiale contre le SIDA » fournit l’occasion d’innombrables lapsus qui la transformaient en « Journée mondiale pour le SIDA »… mais étaient-ce réellement des lapsus ? On pourra remarquer enfin que le choix des thèmes met parfois en exergue l’incohérence essentielle de la pensée politkor, à laquelle il arrive de « se prendre les pieds dans le tapis » : ainsi par exemple de la « journée mondiale de la femme » : les « chiennes de garde », qui devraient hurler à la mort leur indignation que 364 jours par an (365 les années bissextiles) soient dédiés à l’homme, sont pourtant les premières à encenser cette manifestation « sexiste »… Et vous rappelez-vous le « développement durable », épinglé plus haut dans cet ouvrage comme un chef-d’œuvre de perversion ? Voici qui est confirmé, puisqu’il va avoir droit non pas à sa journée, mais à une semaine entière… distinction qui mériterait une place d’honneur sur la scène de la « Journée mondiale du rire » qui, curieusement, ne figure pas dans la collection.

– Voyez ensuite la technique qui consiste à culpabiliser, voire à diaboliser, un acte social en lui-même complètement neutre ; une application caricaturale en est en ces temps très à la mode : « l’automobiliste, voilà le Grand Satan ». Il roule trop vite ? Qu’on le pende ! Il a bu un coup de trop ? Qu’on le fusille ! Il lui manque une vignette, une pastille verte, une carte grise, verte ou arc-en-ciel ? Qu’on l’écartèle ! Le pauvre conducteur est transformé en un ahurissant avatar du « salaud » au sens de Sartre. Nous ne serions plus étonnés que les pouvoirs publics lancent une campagne sur le thème : « Faut-il rétablir la peine de mort pour le conducteur qui a passé à l’orange ? » ; et qu’elle recueille 90, voire 100 ou 110% de « oui »… Nous sommes même prêts à croire les pauvres automobilistes assez traumatisés pour accepter à plat ventre un aménagement du code de la route qui leur imposerait de ne rouler de jour qu’avec un casque (« d’un modèle agréé » et donc soumis à une taxe, bien évidemment), un gyrophare, tous feux allumés et klaxon bloqué ; ce ne seraient plus des capitaines, mais des généraux de gendarmerie auxquels les politiques intimeraient l’ordre de venir cautionner « dans le poste » de telles calembredaines… pendant qu’ils continueraient bien sûr, au nom de la liberté, d’avoir des pudeurs de vierges effarouchées pour refuser le dépistage de la drogue au volant et, au nom de la lâcheté, de ne jamais citer dans les causes d’accidents les insuffisances des infrastructures routières ; sans que cela les empêche, bien sûr, d’empocher avec une prestesse de vieilles professionnelles le fric des amendes.

– L’automobiliste n’est pas le seul « salaud », loin s’en faut : il y a, en bonne place, le fumeur ; l’artisan obligé de travailler au noir pour retarder son assassinat par le fisc et l’URSSAF (pour celui-là une précision technique s’impose : il n’est salaud que s’il est blanc ; d’ailleurs sinon, le fisc et l’URSSAF ne le voient pas) ; le gosse – aussitôt puni par son instituteur, pardon son « professeur des écoles » – qui n’amène pas son paquet de riz à l’école pour les pauvres affamés du Tiers-Monde ; l’ignoble individu qui refuse de donner à toute la cohorte agressive des racketteurs humanitaires qui tendent leur sébiles à la porte du supermarché ou de la station de métro ; celui, encore plus infect, qui ne se laisse pas dépouiller par des « jeunes qui expriment leur mal-être » ; le paysan qui ose se plaindre que des « ravers » aient saccagé sa récolte ; la jolie fille et la petite vieille, qui – même si leurs raisons sont bien différentes – ont le culot de se boucler chez elles au coucher du soleil… Bref, le miroir déformant des médias renvoie à tous l’image d’une caricature de « salaud » : quand tous les miroirs renvoient cette image aux « pauvres gens » tous les jours, comment ne finiraient-ils pas par craquer, et y croire ? C’est bien le but recherché…

L’efficacité de cette technique de « salopage » est grandement renforcée par son matraquage incessant ; mais il faut avoir bien présent à l’esprit qu’elle est fondée à l’essentiel sur une réalité biologique : le courage est une vertu rare chez les hommes. Dans leur immense majorité, ceux-ci, quand ils sont confrontés à des comportements qu’au fond d’eux même ils réprouvent, « s’écrasent » dès lors que la manifestation de cette réprobation peut être dangereuse pour eux… Qu’on songe seulement aux incessantes agressions des voyous ethniques dans les transports en commun, pour lesquelles les médias soulignent complaisamment la lâcheté des témoins (« dans le wagon, personne n’a bougé ») : on doit certes s’en désoler, mais aussi constater que cette veulerie, outre qu’elle est souvent inexplicable au regard des risques physiques encourus, n’a pu se banaliser qu’après l’aboutissement d’un long processus de désagrégation morale. Il faut être réaliste, et surtout ne pas penser qu’on pourra transformer, d’un coup de baguette magique, des moutons en héros ; on doit par contre s’inspirer de la valeur d’exemple du héros (dont le caractère fondamental a été remarquablement mis en lumière dans les œuvres de Jean Haudry), chacun à la mesure de ses moyens : c’est par de petits gestes de résistance, même s’ils semblent au début dérisoires, que commence le « déconditionnement » des moutons ; et c’est en les multipliant, puis en les amplifiant progressivement, qu’on refera des moutons des hommes.

 

Ivan Karpeltzeff

( La guerre des mots / Les Éditions de la Forêt – 2005 )

> http://www.leseditionsdelaforet.com/  

  

Ivan Karpeltzeff, La guerre des mots, Les Éditions de la Forêt, cartouches, identité

 

Acheter le livre : http://www.leseditionsdelaforet.com/content/view/16/27/