Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/06/2015

Adieu, Jerry Collins !

Adieu, Jerry Collins !

 

Extraits d’un article paru ce matin sur le site de l’Équipe.

Pour lire l’article dans son intégralité, cliquez sur :

http://www.lequipe.fr/Rugby/Actualites/Adieu-jerry-collins/567278

 

Jerry Collins, All Blacks, Sport, Rugby, In memoriam

Jerry Collins sous le maillot des All Blacks en 2007 - Icon Sport

 

---------------------------------

 

Un dernier hommage a été rendu ce mercredi matin à Jerry Collins en présence de nombreux All Blacks, présents et passés. Le courage de l'ancien flanker, sur le terrain et en dehors, a été mis à l'honneur.

 

Il y a souvent des rires aux enterrements. Comme autant de petites bouées de sauvetage dans un océan de tristesse. Il faut croire que les quelque 3000 personnes qui ont assisté mercredi aux funérailles de Jerry Collins, dans sa ville de Porirua, à une vingtaine de kilomètres au nord de Wellington, étaient tristes. Très tristes. Car elles ont ri. Beaucoup ri.

"C’était une superbe cérémonie, à l’image de Jerry, c’est à dire pleine de spontanéité", a déclaré à la sortie la légende Michael Jones (champion du monde 1987, ndlr), dans les traces duquel Collins – troisième-ligne aile comme lui, d’origine samoane comme lui –, avait placé sa trajectoire fulgurante de All Black.

Celle-ci s’est brisée à trente-quatre ans le 5 juin, près de Béziers, dans un accident de la route qui a aussi coûté la vie à Alana (35 ans), la femme canadienne de Jerry Collins, tandis que leur petite fille Ayla, pas encore trois mois, continue de lutter pour la vie dans un hôpital de Montpellier.

"Jerry, tu avais sur le terrain un temps de réaction incroyable. En une fraction de seconde, tu giclais de la mêlée pour aller plaquer, s’est souvenu en larmes Chris Masoe, qui a participé au rapatriement du corps de son meilleur ami depuis la France. Je sais que tu as eu le même réflexe (avant l’accident). Tu as pris ton bébé dans les bras, tu l’as protégé de tout ton corps et lui a donné une chance de pouvoir se battre pour survivre. Voilà le genre d’homme et de joueur que tu étais, mon frère."

 

C'était Jerry «Impact» Collins

 

Devant le who’s who du rugby néo-zélandais au complet ou presque – Jonah Lomu, Richie McCaw, Dan Carter, Steve Hansen, Mils Muliaina... – le même mot est revenu à la bouche de tous les proches, amis, coéquipiers du flanker samoan appelés à témoigner : «Impact». Son impact sur le terrain évidemment, comme lorsqu’à l’âge de 15 ans, il lui fut demandé de quitter le terrain car on craignait pour la santé de ses adversaires.

Son impact dans la vie des gens qui l’entouraient dont il réchauffait le cœur de son grand sourire. (…) Cédant souvent à l’appel de la bouteille pour oublier l’héritage d’une enfance difficile, Collins, dit «JC» s’était entouré d’amis précieux pour mieux se protéger de ses démons. Dont Chris Masoe, ému aux larmes au moment de porter le cercueil de son «uso», son «frère», vers sa dernière demeure en compagnie, notamment, d’Umaga et Ma’a Nonu.

 

L'émouvant hommage du père d'Alana

 

Mais puisqu’il était question de rire, aussi, chacun y est allé de sa petite anecdote, impliquant souvent cigarette ("Tu ne le diras à personne", semblant être la phrase la plus prononcée par Collins dans sa vie) et soirée un peu trop alcoolisée.

 

Umaga : "J’ai souvent été celui qu’on appelait pour calmer ou raisonner Jerry. Même les coaches parfois venaient taper à ma porte : - Tana, fais quelque chose pour que Jerry enfile au moins un tee-shirt. - Tu n’as qu’à lui dire, c’est toi le coach. - Non, Tana, j’ai trop peur de lui." (…)

 

L’une de ses trois sœurs Brenda : "Nous avons reçu une éducation, disons, stricte. Papa avait une moto. Dès qu’il s’en allait, Jerry piquait la moto, faisait un tour et la remettait, au millimètre près, à la même place. Mais quand il se trompait d’un millimètre…" Sous-entendu, la punition était sévère.

 

Franck, justement, ce père souvent violent : "Pourquoi est-ce qu’on ne parle que de Jerry? Il est parti! On peut parler un peu de moi si vous voulez."

 

Mais, c’est peut-être du père d’Alana, la femme de l’ancien flanker qui achevait sa carrière à Narbonne, qu’est venu l’un des hommages les plus touchants : "Avant de nous présenter Jerry, Alana nous avait dit qu’il jouait au rugby. Mais vous savez le rugby au Canada... Et elle nous avait demandé de ne pas lui poser trop de questions à ce propos pour ne pas le mettre mal à l’aise car, avait-elle précisé, il est très humble. Lorsqu’ils sont repartis, deux jours plus tard, j’ai dit à ma femme : Je vais quand même vérifier sur internet qui est ce Jerry Collins. Et là, wouahou ! C’était comme si on avait eu (la star de hockey) Wayne Gretzky à dîner à la maison !"


Mercredi, la Te Rauparaha Arena de Porirua, joli gymnase niché entre les deux collines verdoyantes qui ont vu grandir Jerry Collins, portait toutes les couleurs du kaléidoscope de sa vie : le bleu de Norths, le club de rugby où il a débuté à l’âge de six ans, le rouge de l’uniforme de son école, le jaune des Hurricanes, où il s’est révélé au plus haut niveau. Et puis ça et là, en souvenir de sa coiffure peroxydée, des petites taches dorées bien visibles sur les doux visages charbonneux de certains Maoris. Enfin, du noir, beaucoup de noir sur les robes, les costumes...

On dit des All Blacks que leur maillot porte le deuil de leurs adversaires. Mercredi, ils faisaient tous le deuil d’un des leurs.

 

Le All Black numéro 1002 : Jerry Collins.

 

-----------------------

 

Clément Dossin, à Porirua, le 17 juin 2015.

 

http://www.lequipe.fr/Rugby/Actualites/Adieu-jerry-collins/567278

Jerry Collins, All Blacks, Sport, Rugby, In memoriam

Les commentaires sont fermés.