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11/11/2011

11 Novembre

Mercredi 29 septembre 1915


Ma chère Louisette,


Je t'ai promis, presque solennellement, de te dire la vérité ; je vais m'exécuter, mais en revanche tu m'as donné l'assurance que tu aurais les nerfs solides et le coeur ferme.

Je suis depuis ce matin dans des tranchées conquises depuis 2 jours, l'ensemble de ces tranchées et boyaux forme un véritable « labyrinthe
 », où j'ai erré 3 heures cette nuit, absolument perdu.

Les traces de la lutte ardente y sont nombreuses et saisissantes ; et d'abord elles sont plus qu'à moitié détruites par l'ouragan de mitraille que notre artillerie y a lancé, aussi sont-elles incommodes et horriblement sâles malgré les réparations urgentes que nous y avons faites ; tout y manque : l'eau ( propre ou sale ), les boyaux, les latrines ; elles sont à moins de 200 mètres de la 1ère ligne ennemie, avec laquelle elles communiquent par des boyaux obturés ; elles sont parsemées de cadavres français et allemands ; sans presque me déranger j'en compte bien 20 figés dans les attitudes les plus macabres. Ce voisinage n'est pas encore nauséabond, mais il fait tout de même mal aux yeux ; ce matin, à 5 heures, nous arrivons mouillés et harassés, et j'entre dans le premier abri venu pour me détendre, j'avise une bonne planche, m'y étends, la trouve moelleuse, mais 5 minutes après je m'aperçois qu'elle fait sommier sur 2 cadavres allemands ; et bien, crois-moi, ça fait tout de même quelque chose, au moins la 1ère fois. On marmite fort tout autour de nous et vraiment c'est parfois un vacarme ; déjà je ne salue presque plus.

Le mal n'est pas là ; il est surtout dans le temps qui est affreux ; depuis 3 jours au moins, les rafales de pluie succèdent aux averses ; les boyaux sont des fondrières inommables, où l'on glisse, où l'on se crotte affreusement ; aussi suis-je sâle au superlatif, au moins jusqu'à la ceinture ; mes mains sont boueuses et les resteront jusqu'au départ ; mes souliers sont pleins d'eau ; heureusement le corps est sec, car l'air est presque froid et le ciel livide. Autour de moi les gens font une tête ! Il nous faudra beaucoup de patience et de moral.

Nous sommes coiffés du nouveau casque en tôle d'acier ; c'est lourd et incommode, mais cela donne une sérieuse protection contre les éclats de fusants et contre les ricochets, aussi le porte-t-on sans maugréer. Nous avons aussi tout un attirail contre les gaz asphyxiants. Mais nous serons mal ravitaillés : un seul repas, de nuit, qui arrivera froid le plus souvent ; et cela s'explique à la fois par la longueur des boyaux et par la difficulté de parcourir une large zone découverte.

A ce tableau un peu sombre mais véridique il convient d'ajouter deux correctifs ; d'abord nous aurons un rôle défensif, nous sommes chargés de mettre en état le secteur très bouleversé ; ensuite les Allemands contre-attaquent peu, par suite du manque d'effectifs et de l'état de leurs affaires en Champagne. Pour ces 2 raisons, il se pourrait très bien que nous n'ayons pas à les regarder dans les yeux ; c'est d'ailleurs le voeu unanime ici.

Ma lettre va t'arriver en pleine période de réinstallation et de soucis ; j'essayerai d'en prendre ma part de loin ; cela me distraira et me fondra un peu plus avec vous. Je te souhaite du calme et du courage pour triompher de ces petites difficultés.

Tu sais combien je t'aime et quels tendres baisers je t'envoie, partage avec nos chers petits. 

 

Jean Déléage

 

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Le 30 mai 1917


Léonie chérie


J’ai confié cette dernière lettre à des mains amies en espérant qu’elle t’arrive un jour afin que tu saches la vérité et parce que je veux aujourd’hui témoigner de l’horreur de cette guerre.

Quand nous sommes arrivés ici, la plaine était magnifique. Aujourd’hui, les rives de l’Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversée, brûlée. Le paysage n’est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchées de première ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelés, c’est la guerre des mines avec la perspective de sauter à tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, épaisse, collante dont il est impossible de se débarrasser. Les tranchées s’écroulent sous les obus et mettent à jour des corps, des ossements et des crânes, l’odeur est pestilentielle. 

Tout manque : l’eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillés, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid à cause de la longueur des boyaux à parcourir. Nous n’avons même plus de sèches pour nous réconforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous réchauffer.

Nous partons au combat l’épingle à chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffés d’un casque en tôle d’acier lourd et incommode mais qui protège des ricochets et encombrés de tout l’attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participé à des offensives à outrance qui ont toutes échoué sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissé exténués et désespérés. Les malheureux estropiés que le monde va regarder d’un air dédaigneux à leur retour, auront-ils seulement droit à la petite croix de guerre pour les dédommager d’un bras, d’une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaît à tous comme une infâme et inutile boucherie. 

Le 16 avril, le général Nivelle a lancé une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un échec, un désastre ! Partout des morts ! Lorsque j’avançais les sentiments n’existaient plus, la peur, l’amour, plus rien n’avait de sens. Il importait juste d’aller de l’avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d’accès boisées, étaient rudes. Perdu dans le brouillard, le fusil à l’épaule j’errais, la sueur dégoulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausée. Un vrai charnier s’étendait à mes pieds. J’ai descendu la butte en enjambant les corps désarticulés, une haine terrible s’emparant de moi.

Cet assaut a semé le trouble chez tous les poilus et forcé notre désillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l’état major. Tous les combattants désespèrent de l’existence, beaucoup ont déserté et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter à déposer les armes. La semaine dernière, le régiment entier n’a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchée, nous avons refusé de continuer à attaquer mais pas de défendre. 

Alors, nos officiers ont été chargés de nous juger. J’ai été condamné à passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombée : je vais être fusillé pour l’exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d’obtempérer. En nous exécutant, nos supérieurs ont pour objectif d’aider les combattants à retrouver le goût de l’obéissance, je ne crois pas qu’ils y parviendront.

Comprendras-tu Léonie chérie que je ne suis pas coupable mais victime d’une justice expéditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliés de l’histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandés, à l’aube, agenouillé devant le peloton d’exécution. Je regrette tant ma Léonie la douleur et la honte que ma triste fin va t’infliger.

C’est si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon départ au combat était une si douce et si jolie folie mais aujourd’hui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cœur. Je vous demande pardon mes anges de vous abandonner. 

Promets-moi mon amour de taire à ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son père est tombé en héros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mémoire des poilus fusillés pour l’exemple est réhabilitée, mais je n’y crois guère, alors seulement, et si tu le juges nécessaire, montre-lui cette lettre.

Ne doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous sacrifier.

Promets-moi aussi ma douce Léonie, lorsque le temps aura lissé ta douleur, de ne pas renoncer à être heureuse, de continuer à sourire à la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite à toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous méritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cœur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravés dans ma mémoire, seront mon dernier réconfort avant la fin.


Eugène ton mari qui t’aime tant

 

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Le 22 février 1915


Ma chère Marie,


Tu ne saurais croire la vaillance et l'héroïsme de nos braves soldats ; quand je dis : « vaillance et héroïsme », je n'entends pas parler comme les journaux dans un sens vague et général et prendre ces mots presque comme un cliché systématique lorsqu'il s'agit de nos troupes, mais bien au contraire, je veux donner à ces mots toute leur extension et je précise. Hier à 14h devait avoir lieu par 3 sections de mon régiment, l'attaque dune tranchée allemande, pourvue de défenses accessoires fantastiques : une largeur d'une dizaine de mètres, sillonnée en tous sens comme une toile d'araignée de fils de fer barbelés et épais reliant entre eux d'énormes piquets de 1,75m de haut et constitués par des madriers de chemins de fer.

A 14h donc devait avoir lieu une canonnade intense assaut à la baïonnette de la tranchée allemande par notre artillerie pour faire filer les boches en même temps qu'un bombardement intense de ces réseaux de fils de fer formidables ( séchoirs ). A 14h30, fusée, cessation de l'artillerie, assaut à la baïonnette, victoire : comme tu le vois, c'est très simple sur le papier, mais hélas combien différent dans la réalité.

Donc à 14h, vive canonnade, tout tremble. A 14h30 le commandant de l'attaque lance une fusée signal pour faire cesser le feu de l'artillerie et permettre à nos poilus d'avancer Mets-toi un instant dans la peau des officiers et des hommes qui vont partir.

Jusqu'à 14h, les hommes dorment tranquilles, couchés sur le ventre dans leurs tranchées, harassés qu'ils sont par plusieurs nuits de travail ; ils ne se doutent de n'en. Un de leur capitaine disait : « Ils me font pitié, je n'ose pas les réveiller ». Cependant les 3 lieutenants commandant chacun une section à 200 m d'intervalle environ, savent depuis 1Oh ce qui va se passer et ils se promènent pensifs dans la tranchée. A quoi servira cette attaque se disent-ils ; nous ne pourrons jamais arriver au but, car les réseaux de fils de fer nous en empêcheront et par suite nous sommes tous destinés à nous faire tuer sur place… Mais que faire ? l'ordre d’attaquer est formel, il faut marcher. L'un d'eux avisant le téléphoniste de son secteur lui dit : « Passe-moi ton fusil et ton équipement, je veux faire le coup de feu avec mes hommes et comme eux; puis, voici 4 lettres d'adieux que tu enverras ce soir chez moi si tu peux t'en tirer ».

A deux heures, tous trois adressent quelques mots à leurs hommes pour les exhorter à marcher droit et vite et à sacrifier leur vie pour l'avenir de la France.

Cependant voyant plus clair que leurs hommes ils s'aperçoivent avec terreur qu'a 2 h 30 malgré la précision du tir de notre artillerie les fils de fer y sont toujours et sur la même profondeur d'une dizaine de mètres environ.

A ce moment la fusée signal est lancée par le commandant de l'attaque. Aussitôt, des trois points en question, chacun à sa place, les lieutenants, l'un revolver au poing, l'autre baïonnette au canon comme un soldat, s'élancent hors de la tranchée aux cris de : « Baïonnette au canon… En avant… A l'assaut… Pour la France »… et l'un d'entre eux entonne La Marseillaise, accompagné de ses hommes.. Des trois points les petits groupes s'avancent en criant et chantant baïonnette en avant, au pas de gymnastique vers la tranchée boche où ils doivent converger. Chaque groupe est ainsi constitué : un lieutenant, derrière lui, six sapeurs du génie, sans fusils, armés de boucliers d'une main, d'énormes cisailles de l'autre ( pour couper les fils de fer ). Derrière eux toute la section, et fermant la marche, six sapeurs portant des pelles et des pioches, pour travailler sitôt arrivés dans la tranchée à la défense de celle-ci.
C'est sublime « sublime » de voir cet élan enthousiaste chez des hommes assez âgés, en campagne depuis de longs mois et allant tomber volontairement ( parce que c'est l’ordre ) dans les pièges qu'ils connaissent si bien et où ils ont laissé tant d'amis. Successivement, chacun des trois lieutenants tombe, frappé mortellement à la tête. Les hommes, tel un château de cartes dégringolent tour à tour ; ils continuent tout de même : quelques uns arrivent jusqu'aux fils de fer : ils sont trop gros hélas ! Leur sergent tombe, un autre aussi.

Que faire ?... Avancer ? Impossible ! Reculer ? de même.. et, tandis que froidement, à l’abri de leurs tranchées et de leurs boucliers les allemands visent et descendent chacune de ces cibles vivantes les hommes se couchent là, grattant la terre de leurs doigts pour amonceler un petit tas devant leur tête et tâcher ainsi de s'abriter contre les balles. 

Voyant l'impossibilité d'avancer le commandant leur envoie un homme, agent de liaison pour leur dire de se replier en arrière dans leur tranchée : celui-ci en rampant à plat ventre arrive à transmettre l'ordre : « Pouvez-vous vous replier si c'est possible ? »… Hélas! non, on ne peut ni avancer, ni reculer Il faut attendre la nuit. 

A la nuit, je vais à B. pour aider mes collègues, les blessés arrivent peu à peu au nombre de 44. Les 3 lieutenants, dont le sous-préfet d'orange, ont été tués : ce dernier que j'ai reçu avait une balle dans le front. Admirable de stoïcisme, aucun blessé ne se plaint de son sort et de l’inutilité de cette attaque au cours de laquelle il a été si affreusement mutilé. Que d'horribles blessures : l'un a le poumon qui sort et il ne se plaint pas, l'autre a des débris de cerveau sur son cou et ses épaules et il veut marcher : « Je veux qu'on me porte », dit-il ; l’un blessé à 3 endroits et reblessé pendant qu'on le transportait, se tournant vers moi pendant que je lui mettais un rapide appareil de fortune à sa jambe gauche cassée me dit simplement ceci : « ce qu'il faut souffrir pour la France ». Je ne pus retenir mes larmes.. Ce héros obscur est peut être mort à l'heure qu'il est, mais comme cette phrase si simple est grande et sublime dans la bouche d'un homme peu instruit et qui vient de Sacrifier sa vie à la fleur de l'âge. J'ai eu deux brancardiers tués et un blessé. Et ce matin à 5 h 30, je conduisais mes 3 derniers blessés sur la crête de X où il fallait absolument avoir passé avant le lever du jour J'ai eu juste le temps. Et à 7h 30, je rentrais à mon poste. 

Ne crois-tu pas chère Marie que tous ces morts quels qu'ils soient doivent aller droit au ciel après de semblables actes d'héroïsme et ne crois-tu pas odieux, honteux, scandaleux que Messieurs les Députés à la chambre veuillent refuser ou même discuter l'attribution d'une  « croix de guerre » à ces hommes, tous des héros, sous prétexte qu'il faut qu'ils soient cités à l'ordre de l'armée... Pour eux l'ordre du jour de la Division n'est pas suffisant. « Oh! injustice et ingratitude humaines ». Tandis que vous vous promenez dans les rues ou les lieux de plaisir de Paris tandis que mollement assis dans un bon fauteuil de velours, au coin d'un bon feu, à l'abri de la pluie et scandalisés si un grain de poussière ou une goutte d'eau viennent ternir l'éclat de vos bottines, vous discutez pour savoir si l'absinthe est un poison ou si le mot « bar » est mieux que « débit de boissons » ou « établissement » tandis que loin du danger vous vous demandez d'un air fâché et dédaigneux : « Qu'est-ce qu'ils font donc ? Pourquoi n'avancent-ils pas ? Si j'étais au feu je ferais cela… ». Pendant ce temps Messieurs les Députés, vos concitoyens fiançais, vos frères, les fantassins dont le nom seul évoque on ne sait pourquoi, le mépris le plus grand, les soldats en général sont en train de recommander leur âme à Dieu avant d'accomplir « dans l'ombre » sans rien attendre de la postérité le plus grand des sacrifices, le sacrifice de leur vie. Et c'est vous qui êtes si prompts à vous décerner mutuellement des décorations plus ou moins méritées par quelque beau discours ou quelque puissant appui, c'est vous dis-je qui refusez d'accorder à nos soldats la petite « croix de guerre » si vaillamment méritée ; bien petit dédommagement, en vérité pour une jambe ou un bras de moins, qu'un petit morceau de métal suspendu à un ruban quelconque, mais ce sera pourtant tout ce qui restera dans quelques années d'ici pour rappeler la conduite sublime de ces malheureux estropiés que le monde regardera d'un œil dédaigneux.

De plus c'est si simple et ça ferait tant de plaisir à ces braves, ça stimulerait tant le courage des autres. Certes, ce n est pas pour ça qu'ils se battraient; mais ce serait tout de même une juste récompense. 

Alors que nos ennemis distribuent à tort et à travers des croix de fer, de cuivre ou de bronze, nous nous montrerions si parcimonieux. Excuse mon bavardage, ma chère Marie, mais je suis écœuré de toutes ces discussions à la Chambre.

Et que penser ( tant pis si la censure arrête ma lettre ), je ne cite d'ailleurs pas de noms, que penser de certains chefs qui lancent des hommes sur un obstacle insurmontable, les vouant ainsi à une mort presque certaine et qui semblent jouer avec eux, comme on joue aux échecs, avec comme enjeu de la patrie s'ils gagnent, un galon de plus. 

Ne te scandalise pas, ma chère Marie, je t'écris encore sous le coup de l'émotion d'hier et de cette nuit et bien que je n ai pas du tout pris part à cette lutte, j'ai été très touche ainsi que d'ailleurs tous les officiers même supérieurs qui sont ici ; l'un d'eux ce matin en pleurait de rage et de pitié. 

Ne crois pas d'ailleurs que mon moral soit atteint le moins du monde, il est excellent. 

 

Maurice Antoine Martin-Laval

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