01/12/2011
REVERENCE : Inactive Theocracy / Suite...
La chronique d’Inactive Theocracy parue dans le nouvel IN EXTREMIS Minizine !
REVERENCE – inactive theocracy
Jusqu'à présent j'avais un drôle de rapport avec Reverence. Autant les 2 splits avec Blut Aus Nord m'avaient emballé, autant les pratiques en solitaire me laissaient perplexe... tout en me plaisant par certains aspects. Agacé par les expérimentations hasardeuses, déçu surtout parce que conscient du réel talent qu'avait Ipes Luciferia pour nous dépeindre un univers de friches lugubres à foutre le frisson. Quoiqu'il en soit, il manquait encore à Reverence le petit truc qui fait qu'on reste scotché, qu'on a la mâchoire inférieure qui tombe par terre comme le loup de Tex Avery devant la bimbo à gros seins. Ce disque, on le tient enfin, un grand merci au passage à l'équipe Duke pour avoir eu la géniale idée d'en proposer une version double-vinyle, sans quoi j'en serais encore à ignorer c'te perle (initialement sortie chez Osmose en cd début 2010).
Car ce disque tue, oui monsieur, comme un poison lent qui irradierait tout ton corps à petit feu. Chaque riff atmosphérique explosant comme une molécule fatale, chaque dissonance te comprimant le cerveau pire qu'une tumeur maligne diffusant sa douleur comme un mini-champignon nucléaire. Et puis ce chant clair (aaaargh!), d'une justesse belle à crever, si implacable qu'il me file la chair de poule à chaque fois, un peu le croisement entre une version evil d'un Layne Staley (Alice in Chains) et un Ihsahn moins obsédé par le Roi Diamant. En écoutant ce disque, t'as juste l'impression d'assister à la fusion dans un accélérateur à particules entre le grand Voïvod (celui de "Nothing Face", "Angel Rat") et le non moins grand Arcturus (dans l'intw avec L'Antre des Damnés il s'en défendait pourtant, moi je confirme), mais avec toujours cette touche mélancolique et glauque si particulière qu'on trouvait déjà sur les skeuds précédents, et avec quelques traces infimes de death-metal qui s'invitent.
L'influence Blut Aus Nord a totalement disparue, tout comme ces bidouillages synthétiques pas super maîtrisés. Ici c'est l'ambiance simple et épurée qui prédomine, la lourdeur des frappes, la limpidité des lignes de basse, des ambiances qui sonnent peut-être épurées mais qui résultent d'un labeur des plus complexes, comme une imbrication acharnée de différentes textures pas évidentes à marier à la base. L'impression de laisser déambuler son désespoir dans une cathédrale du futur baignée d'une clarté divine, ou parmi les ruines d'un vaisseau spatial échoué sur une banquise immaculée. J'ai mon propre souffle qui me givre le visage, les membres petit à petit qui se frigorifient, l'hypothermie guette, putain que ce skeud est froid, polaire même ! Une prouesse car jamais Reverence n'a recours aux clichés black-métallesques, encore moins aux codes industriels. Si ses racines y baignent, Luciferia va bien au-delà de ses influences, surpasse la parodie, et accouche d'un univers à des années-lumières d'un style prévisible. Immanquable.
( Jean Pazola / IN EXTREMIS Minizine N°48 )
Gatefold double LP.
Pochettes intérieures noires / Insert avec paroles / Vinyls transparents.
Limité à 465 copies : 18 €uros.
Toujours disponible
Live >>> http://www.youtube.com/user/reverenceimc?blend=3&ob=5
18:46 Publié dans Releases D.U.K.E | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : reverence, inactive theocracy, d.u.k.e, in extremis, in extremis minizine, chronique, black metal