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14/02/2014

Des Lupercales A La Saint-Valentin.

( Source )

 

Ah, la Saint-Valentin ! Fête commerciale, destinée à vendre du chocolat et des fleurs aux pauvres malheureux qui s'imaginent avoir besoin de ça pour célébrer leur amour ! Oui, je sais : ça sent la célibataire frustrée !!! Mon point de vue changerait peut-être si l'on m'offrait, à moi aussi, du chocolat et/ou des fleurs Il n'empêche que, de l'avis général, voilà encore une de nos fêtes qui provient directement de l'antiquité romaine. Alors, avec ou sans cœur en chocolat, je ne pouvais pas laisser passer ça.

Notre Saint-Valentin serait en effet issue des Lupercales (Lupercalia), fête annuelle célébrée à Rome entre le 13 et le 15 Février (15 jours avant les calendes de Mars). Donc à l'origine à la fin de l'année, puisque avant l'instauration du calendrier julien, celle-ci débutait le 1er Mars. A Rome, cette période était l'occasion de rituels d'expiation des fautes commises envers les Dieux et de purification (februum - d'où le mot "Février") : on nettoyait les maisons de fond en comble et on aspergeait le sol de sel et de blé. 

 

UNE CÉLÉBRATION AUX ORIGINES CONFUSES.


Les historiens divergent quant à l'identité du Dieu que l'on célébrait lors des Lupercales. La plupart pensent qu'il s'agissait en toute logique du dieu Lupercus, que l'on assimile aussi au dieu Faunus(équivalent du Dieu grec Pan.) Lupercus était le dieu de la fertilité, des bergers, et le protecteur des troupeaux. Mais d'autres avancent qu'il pourrait s'agir de Mars, Junon, Lycaeus, Bacchus ou Februus. Pour ma part, je me rangerai à l'opinion la plus communément admise : puisque ce sont les lupercales, restons-en à Lupercus ! 

Étymologiquement, le mot se rapporte au latin lupus ("loup"). Traditionnellement, on considérait que les lupercales avaient été instituées par Romulus et Remus, lors de la fondation de Rome (753 avant J.C.), en hommage à la louve dont la légende rapporte qu'elle les aurait recueillis et nourris alors qu'ils étaient encore enfants. En réalité, cette fête était vraisemblablement bien antérieure - peut-être une transposition d'une cérémonie grecque en l'honneur de Pan Lycéen (du Grec Lykaion, "loup"). Il est donc probable que le nom en soit directement dérivé, ou bien qu'il fasse référence à la sauvagerie du loup, animal redouté par les bergers.

Tout cela, on le voit, demeure assez confus. 

Une des particularités de cette fête tenait à ce que, contrairement aux autres célébrations, elle n'était rattachée à aucun temple. Il faut dire que les Romains eux-mêmes n'étaient pas certains du Dieu qu'ils étaient supposés honorer : tout comme nos historiens, les auteurs latins hésitaient entre Faunus, Lupercus ou Inuus ! Peu importe, car cela n'a jamais empêché de célébrer cette grande fête populaire. Son épicentre était la grotte du Lupercal sur le Palatin où, selon la légende, la fameuse louve avait allaité Romulus et Remus. En passant, la grotte en question aurait été découverte en 2007, au-dessous du palais d'Auguste - bien que certains archéologues demeurent sceptiques, et ne voient dans la caverne mise au jour qu'un nymphée du palais impérial.

 

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LE RITUEL DES LUPERCALES.

 

Les rites étaient dirigés par les luperques, institués soit par le Roi Evandre, soit par Romulus et Remus. Ils étaient divisés en deux collèges sacerdotaux les Quinctiliani et Fabiani, d'après les gens Quinctilia et Fabia, vieilles familles patriciennes romaines auxquelles appartenaient leurs membres. En 44 avant J.C., un troisième collège, les Julii, fut créé en l'honneur de Jules César, avec Marc Antoine à sa tête. A l'origine chasse gardée des patriciens, ce furent le plus souvent des chevaliers qui remplirent la fonction à l'époque impériale. 


La fête en elle-même comportait trois temps forts : les sacrifices, la course des luperques et un grand banquet. 

 

Tout débutait donc avec le sacrifice, peut-être par le dialis flamen. Je dis "peut-être", car les sources sont contradictoires : bien qu'il soit cité comme officiant, les mêmes textes disent qu'il n'avait pas le droit d'être en contact avec les boucs et les chiens Allez comprendre ! Bref, on immolait deux boucs et un chien dans la grotte du Lupercal. Deux jeunes luperques, vêtus uniquement d'un pagne en peau de bouc, étaient conduits jusqu'à l'autel, et le prêtre sacrificateur leur marquait le front avec le sang du sacrifice. Le couteau utilisé pour le rituel était essuyé avec de la laine trempée dans du lait, après quoi les jeunes gens étaient obligés de rire.

On découpait ensuite des lanières dans la peau des boucs sacrifiés, et les luperques couraient à travers Rome, totalement nus, en riant et en éclusant du vin. 

 

Cicéron s'en indigne d'ailleurs à propos de Marc Antoine :

 

"Vous-mêmes, après les Lupercales, vous n'avez pu croire qu'Antoine fût consul. En effet, le jour où, sous les yeux du peuple romain, nu, dégouttant d'huile, abruti par l'ivresse, il harangua la multitude, et voulut poser le diadème sur la tête de son collègue; ce jour-là, il a renoncé non-seulement au consulat, mais à la liberté."

(Cicéron, "Les Philippiques", III - 5.)


Nous reviendrons sur cette histoire de diadème En attendant, nous ignorons pourquoi les luperques étaient nus, mais Plutarque émet une suggestion dans sa "Vie De Romulus" :

 

"Caïus Acilius raconte qu’avant la fondation de Rome, Romulus et Remus égarèrent un jour quelques troupeaux : qu’après avoir fait leur prière au dieu Faune, ils se dépouillèrent de leurs habits pour pouvoir courir après ces bêtes sans être incommodés par la chaleur ; et que c’est pour cela que les luperques courent tout nus." 

(Plutarque, "Vie De Romulus", XXVII.)

 

Après avoir fait le tour du Mont Palatin, ils parcouraient la ville en fouettant de leurs lanières tous ceux qu'ils rencontraient, et les femmes en particulier. Celles qui désiraient avoir un enfant se pressaient sur leur passage, car le rituel était sensé assurer la fertilité, prévenir la stérilité et soulager les douleurs de l'enfantement. 

 

"On célébrait la fête des Lupercales, qui, selon plusieurs écrivains, fut anciennement une fête de bergers, et a beaucoup de rapport avec la fête des Lyciens en Arcadie. Ce jour-là, beaucoup de jeunes gens des premières maisons de Rome, et même des magistrats, courent nus par la ville, armés de bandes de cuir qui ont tout leur poil, et dont ils frappent, en s'amusant, toutes les personnes qu'ils rencontrent. De nombreuses femmes, même les plus distinguées par leur naissance, vont au-devant d'eux, et tendent la main à leurs coups, comme les enfants dans les écoles ; elles sont persuadées que c'est un moyen sûr pour les femmes grosses d'accoucher heureusement et, pour celles qui sont stériles, d'avoir des enfants." (Plutarque, "Vie De César", LXI.) 

 

Avant le banquet qui se tenait pour clore les festivités, on organisait une sorte de loterie amoureuse, placée sous les auspices de Junon : les jeunes filles inscrivaient leur nom sur une tablette qu'elles déposaient dans une jarre, et chaque jeune garçon tirait au sort le nom de celle qui l'accompagnerait tout au long du repas. 


ÉVOLUTION DES LUPERCALES VERS LA SAINT-VALENTIN.

 

La dimension sexuelle de la fête des lupercales est flagrante. Outre les luperques entièrement nus, les femmes mariées elles-mêmes se dénudaient partiellement pour être flagellées. 

Auguste y mit cependant le holà : il exclut du collège des officiants les jeunes hommes imberbes, considérés comme trop séduisants et, pour que la cérémonie devienne un peu plus décente, il fit garder aux luperques les pagnes en peau de bouc. Au cours du IIème siècle après J.C. enfin, les vénérables matrones restaient habillées, et tendaient simplement leurs mains aux fouets. 


Dans les premières années du christianisme, l'empereur romain Claude II fut confronté à un problème : plusieurs de ses soldats étaient des hommes mariés, et ils refusaient d'abandonner leur doux foyer pour partir régler leur compte aux barbares. Claude II prit donc des mesures, et il interdit formellement de marier les militaires. Or, un prêtre ne l'entendit pas de cette oreille, et il estima qu'il était légitime que les soldats puissent se marier si cela leur chantait. Partisan du mariage pour tous (en tous cas pour les légionnaires), il célébra donc des mariages chrétiens en secret. Ce qui devait arriver arriva, et le prêtre fut arrêté et emprisonné, avant d'être décapité à la veille des lupercales de 270. Il s'appelait Valentin… 


Les lupercales étaient si populaires qu'elles survécurent à l'implantation et au développement du christianisme, bien que les dignitaires chrétiens on s'en doute ! n'appréciassent guère cet étalage de nudité, ces flagellations obscènes et ces sacrifices païens. Ceux-ci eurent beau être interdits en 341, cela n'y changea rien : on célébrait toujours les lupercales, et plusieurs Papes s'y cassèrent les dents. Cela dit, les lupercales n'avaient plus rien de commun avec la fête originelle et, en lieu et place des nobles luperques nus, c'était désormais toute la racaille (habillée, elle !) qui en profitait pour mettre la pagaille dans les rues. Ce fut finalement le Pape Gélase (494 - 496) qui tapa du poing sur la table : il rédigea une longue diatribe contre les lupercales et décida de leur interdiction pure et simple. Toutefois, la fête fut célébrée à Constantinople jusqu'au Xème siècle.


Certains auteurs affirment que Gélase remplaça les lupercales par la "Fête de la Purification de la Bienheureuse Vierge Marie", fixée au 15 Février ; d'autres prétendent qu'il y aurait substitué la célébration du martyr de ce Saint Valentin dont nous avons déjà parlé, saint patron des fiancés et des amoureux, le 14 Février. Rien ne permet de privilégier l'une ou l'autre de ces hypothèses. Toutefois, le lien entre les lupercales et la fécondité, la coutume appareillant les convives lors du banquet et surtout le martyr de Saint-Valentin permettent d'envisager un rapprochement entre Lupercales et notre fête des amoureux.

 

SYMBOLISME DES LUPERCALES.

 

Les origines des lupercales semblent être multiples, et il en va de même pour leur signification. Pour commencer, d'où pouvait bien venir cette idée étrange de fouetter les femmes avec des lanières découpées dans la peau d'un bouc ?! Une légende étiologique semble apporter la réponse : après le rapt des Sabines, il s'avéra que celles-ci étaient stériles. Ce qui posait un sacré problème, puisque c'était précisément pour assurer leur descendance que les Romains les avaient enlevées !

C'est alors qu'une voix s'éleva dans le bois sacré : "Qu'un bouc pénètre les femmes italiennes !" Consternation des Sabines (du moins, j'imagine !?!), mais heureusement pour elles, un devin sut interpréter l'ordre divin et il fit découper dans la peau d'un bouc des lanières dont on fouetta les jeunes femmes - qui vécurent heureuses, et eurent beaucoup d'enfants !

(Source : Encyclopedia Universalis)

 

Donc, si la fête des lupercales est une fête de purification, c’est aussi une fête de la fertilité. Le rire des luperques qui succède au sacrifice est en lui-même le symbole de l'affranchissement des contraintes sociales, d'un retour à la sauvagerie de la nature, sensée raviver la fécondité. Ce qui explique que l'on rattache le plus souvent la fête à Lupercus ou Faunus, maîtres des forces naturelles sous leur forme la plus spontanée. Faunus était représenté avec des cornes, la partie inférieure de son corps était celle d'un bouc, et j'ai déjà indiqué que l'on sacrifiait des boucs et des chiens. Les premiers sont des symboles de sexualité et de fécondité, et Plutarque avance plusieurs explications quant au sacrifice des seconds :


"Quant au chien qu’on sacrifie, si cette fête est réellement un jour d’expiation, il est immolé sans doute comme une victime propre à purifier. Les Grecs eux-mêmes se servent de ces animaux pour de semblables sacrifices. Si au contraire c’est un sacrifice de reconnaissance envers la louve qui nourrit et sauva Romulus, ce n’est pas sans raison qu’on immole un chien, l’ennemi naturel des loups ; peut-être aussi veut-on le punir de ce qu’il trouble les luperques dans leurs courses." (Plutarque,
 "Vie De Romulus", XXVII.)

 

Ainsi, puisque la flagellation était supposée assurer la fertilité, elle représentait sans doute l'acte de pénétration une pénétration symbolique, un symbole de fertilité (lanière en peau de bouc) marquant la chair. 

 

F.L / La Toge et le Glaive (x)

 

Lupercales.jpg 

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Le 15 février à l'aube, à Rome, deux groupes de jeunes gens, appartenant respectivement aux gentes des Fabii et des Quinctii, se réunissaient au Lupercal, cette grotte au pied du Palatin, où la louve de la légende avait allaité les jumeaux fondateurs. Après avoir sacrifié une chèvre dont ils découpaient la peau en lanières, ces luperques, vêtus d'une simple peau de bouc, se lançaient dans une course folle autour du Palatin et fouettaient de leurs lanières tous ceux qu'ils rencontraient, les femmes en particulier. Il suffit de décrire brièvement cette fête étrange pour constater qu'elle contredisait aux règles ordinaires de la gravitas romaine et aux convenances sociales les plus élémentaires.

Le nom de luperques est certainement apparenté à celui du loup, lupus ; moins sans doute en raison de la louve de la légende que de la sauvagerie dont cet animal était le symbole.

Cicéron (Pro Caelio, 26) évoque ainsi cette confrérie : « La sodalité sauvage, toute pastorale et agreste des frères luperques, dont le rassemblement sylvestre a été institué avant la civilisation humaine et les lois. »

Une légende étiologique permet d'entrevoir la signification de la fête : après le rapt des Sabines par Romulus, ces femmes se révélèrent stériles, au grand désespoir de leurs ravisseurs qui en espéraient précisément une descendance. Alors se fit entendre dans un bois sacré une voix mystérieuse qui proclamait : « Qu'un bouc pénètre les femmes italiennes ! »

Un habile devin sut interpréter cette injonction divine de façon à sauvegarder l'honneur de ces dames : il fit découper dans la peau d'un bouc des lanières dont on fouetta les Sabines ravies (aux deux sens du terme), qui, de ce fait, eurent beaucoup d'enfants.

Au terme de l'année religieuse, la fête des lupercales était destinée à raviver la fécondité de la société humaine en libérant les puissances vitales de la nature de toutes les contraintes de la civilisation. Aussi bien le dieu de la fête était-il Faunus, le maître des forces naturelles de fécondité sous leur forme la plus spontanée. (…)

 

http://www.universalis.fr/encyclopedie/lupercales/

Venus-Pan.jpg

 

Voir également ici et ici.

 

21/11/2011

Offrande à Pan

Pan, le Tout Primordial

 

Dieu des Cultes Pastoraux, Pan possède un corps à moitié humain et à moitié animal. Barbu, velu, cornu, il a des jambes de chèvre aux sabots fendus et des yeux rusés étirés sur les tempes.

C’est un satyre à l’appétit sexuel démesuré, qui assaille indifféremment les nymphes et les jeunes garçons ; à défaut de proies, il se livre à l’onanisme, tant sa sexualité est exigeante. Il vit dans les forêts, et sa couleur est le vert. Son nom, Pan, signifie « Tout », et le Grand Pan désigne le Grand Tout, l’énergie primordiale et féconde propre à l’univers et à la vie, dont l’expression peut être parfois anarchique et chaotique. Il incarne la puissance des éléments de la nature, dont le déchaînement provoque une "peur-panique", signe de l’affolement des sens et de la raison qui saisit quiconque se trouve en contact avec ce dieu avide et désordonné, à notre ressemblance.

L’Eglise catholique romaine, on le comprend, n’a eu aucun mal à métamorphoser un pareil dieu en diable satanique, en bouc cornu des sabbats. Certains auteurs, notamment dans le registre du romantisme noir et du fantastique, ont à leur tour retenu l’assimilation du Grand Pan au diable, en décrivant l’effroi glacé qui saisit l’être humain suffisamment inconscient pour regarder en face ce dieu redoutable.

Cette terreur ressentie par quiconque rencontrait le dieu Pan est au cœur de l’œuvre des grands écrivains du fantastique noir du XXe siècle : citons, entre autres, H.P. Lovecraft et Gustav Meyrink, qui dans son roman Le Visage Vert évoque le mythe du Chidher ( ou Chadhir, ou El-Chidr ), à savoir « le prophète vert » de la tradition islamique. Chidher, « le Vert », ou encore Huzur dans les traditions ésotériques de l’islam, a bu de l’eau de vie et ne mourra qu’au son de la trompette du Jugement dernier. Il peut être assimilé à l’Hermès Trismégiste égyptien, à saint Jean, au prophète Elie ou encore au dieu Pan.

Il est l’« Homme Vert », à savoir l’homme de chair incarné sur terre, proche de l’état de nature, se régénérant chaque année au printemps jusqu’à ce que, à la fin des temps, il meure à lui-même, en quittant son enveloppe charnelle ( symbolisée par le vert ) pour accueillir le Messie et se fondre dans la claire lumière de Dieu.

Pan, c’est avant tout le Dieu Vert, celui qui n’a jamais renié ses origines terriennes et sylvestres, c’est le Dieu Sauvage qui se couche au pied des arbres et comprend le langage des oiseaux. C’est le Cornu, dont les deux cornes sont les antennes qui lui permettent de capter les messages du ciel. C’est le Magicien aux pieds agiles, qui souffle dans sa flûte et nous convie à danser autour d’un feu de joie. Pan, c’est le pouvoir de l’enfance et du jeu, la force du rire, la soif de l’amour, la communion avec la nature immense et vierge. Pan, c’est la revanche de la campagne et des forêts sur les villes ; c’est l’état sauvage contre celui de civilisé ; c’est le monde de l’intuition et de l’« éveil » s’opposant à celui de la raison ; c’est la magie contre la science. [...]

Bien que pourchassé par l’Église de Rome, le sabbat des sorcières serait donc moins une hérésie satanique que la manifestation d’une religion pré-chrétienne, s’enracinant aussi bien dans l’Antiquité grecque et romaine que dans les anciens cultes celtiques et germaniques. La sorcière adorant le « diable », rival noir de Dieu, cacherait en réalité une authentique prêtresse de Pan et une adepte du panthéisme, pour laquelle tout est Dieu, car Dieu est partout, dans chaque objet et dans chaque être vivant. Le dieu Pan est partout : dans les hommes, les animaux, les arbres, les plantes, les pierres, le vent qui souffle dans le soir. Pan désigne la gloire de Dieu sur terre. Car le dieu Pan affirme que Tout est Dieu.

 

Extrait de "Sorcières et démons" d’Édouard Brasey, publié par Pygmalion Éditions en 2000.

 

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Cette tasse de bois, noire comme un pépin,

Où j’ai su, d’une lame insinuante et dure

Sculpter habilement la feuille du raisin

Avec son pli, ses nœuds, sa vrille et sa frisure,

 

Je la consacre à Pan, en souvenir du jour

Où le berger Damis m’arrachant cette tasse

Après que j’y eus bu vint y boire à son tour

En riant de me voir rougir de son audace.

 

Ne sachant où trouver l’autel du dieu cornu,

Je laisse mon offrande au creux de cette roche,

- Mais maintenant mon cœur a le goût continu

D’un baiser plus profond, plus durable et plus proche.

 

Anna de Noailles ( Offrande à Pan/ Le Cœur innombrable )

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Pan et Syrinx / Pierre-Paul Rubens / 1619