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05/08/2016

Jean MABIRE : Les paras perdus

Jean MABIRE : « Les paras perdus »

 

Présentation éditeur :

Le 6 juin 1944, peu après deux heures du matin, une quinzaine de parachutistes sautent d'un Dakota au-dessus des marais du Cotentin. Ils appartiennent à la 82ème airborne, dite division "All Americans" ou Américains à 100 %. En réalité, à part un Indien Sioux, ce sont presque tous des émigrés de fraîche date, à qui la vieille Europe colle encore à la peau. Une peau qui ne va pas valoir chère dès qu'ils seront au sol, en butte aux ennemis qui leur font une chasse impitoyable et aux sortilèges d'un pays que traverse au galop un mystérieux cavalier sur son cheval fou.

Pendant trois nuits et trois jours, les paras du sergent Müller, un Germano-Américain, vont tourner en rond et rencontrer non la gloire qu'ils étaient venus chercher en Normandie, mais la mort. Pris dans une atmosphère d'angoisse et de suspicion, ils finiront par se méfier les uns des autres, d'autant qu'apparaît un inconnu aux yeux gris qui prétend appartenir à la 101ème airborne. 

Dans ce pays ensorcelé où les eaux dormantes et le brouillard règnent en maîtres, vit une population assez insolite, avant tout préoccupée de la "faisance-valoir" et prise bien malgré elle dans les remous de l'occupation et de la libération.

Sur une île, au château de Barnehou, un aristocrate original regrette de n'être point délivré par des soldats britanniques et partage les passions hippiques d'un vieil officier hanovrien, mutilé et pessimiste. L'Allemand Kurt Schäfer prouve, par contre, que l'amour et la guerre vont bien ensemble, ce qui est aussi l'avis de l'américain Trystan Raider…

 

France Loisirs, 1987 – 395 pages – 24 x 15,5 cms – 660 grammes.

 

Etat / descriptif = reliure cartonnée entoilée de rouge + jaquette couleurs / Quelques petits accros (3 ou 4 mm, restaurés) sur les bords d’une jaquette néanmoins bien brillante et quasiment sans traces… et c’est à peu près tout ! Reliure et intérieur (resté bien blanc) tous deux en excellent état !

 

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29/10/2011

A furore Normannorum...

A furore Normannorum, libera nos Domine !

 

Ils sont quatre mille cinq cents guerriers saxons vaincus, entravés comme des bêtes fauves. Les soldats francs viennent de les rassembler dans l'immense clairière de Sachsenheim. Sur toutes les lisières de la forêt ténébreuse, veillent des hommes d'armes, engoncés dans leurs broignes de cuir aux anneaux de fer. Des croix s'écartèlent sur les boucliers de bois clouté. D'autres croix frissonnent sur les étendards, rouges comme le feu ou bleus comme la nuit. Ceux qui viennent de remporter la bataille, non loin de la bourgade de Verden, sur les rives de l'Aller, au sud de Brême, en pleine terre rebelle, servent le futur empereur d'Occident – que les clercs vont appeler Charlemagne.

En cette année 782, se poursuit la guerre inexpiable des Francs et des Saxons, la lutte de la croix du Christ contre le marteau de Thor. Les chrétiens de Karl der Grosse ont vaincu les païens de Widukind. Ceux qui croient en Jésus fils de Dieu tiennent à leur merci ceux qui nomment Dieu le secret des bois. Les Saxons vaincus n'ont qu'un choix, le baptême ou le massacre. Sur leur nuque roide : l'eau du Ciel ou le fil de l'épée. Autour des captifs, se préparent ceux qui vont maintenant accomplir le geste décisif. Les soldats et les moines s'impatientent. Depuis des semaines que dure cette campagne épuisante dans les pays du Nord, ils attendent ce moment. L'heure de la vérité est venue. Les soldats ricanent. Les moines psalmodient. Immense murmure qui couvre soudain le chant des oiseaux tournant sous les nuages sombres du crépuscule. De longues minutes s'écoulent. Interminables. Les Francs grondent d'impatience et de colère. Les Saxons les défient du regard et se taisent. Leur silence semble déjà une réponse :

- « Nous resterons fidèles à la foi de nos pères ».

Déçus, les moines se regroupent autour de leur évêque. Ils n'auront personne à baptiser aujourd'hui.

Ils entonnent à pleine gorge un cantique : Gloria in excelsis Deo.

Les voix des tonsurés s'affermissent. Ils se serrent l'un contre l'autre, dans leurs longues robes de bure marron. Le prélat brandit une croix d'or qui étincelle de tout l'éclat de ses joyaux. Gloire à Dieu au plus haut des cieux !

Et in terra pax hominibus bonae voluntatis… 

Paix aux hommes de bonne volonté ! Mais les païens ne sont pas de cette race qui accepte de plier le genou et de courber la tête pour recevoir l'eau divine du Seigneur devenu homme. Ils s'obstinent à adorer les dieux des sources et des arbres. Et ils saluent ce cavalier borgne qui chevauche les soirs d'orage sur un cheval à huit pattes galopant dans les nuages et les éclairs : Odin. 

Les Saxons refusent la parole du Dieu unique. Alors, ils subiront la loi du roi des Francs. Les soldats s'avancent. Les moines forcent encore leur chant :« Per Christum dominum nostrum ».

Un geste du chef vainqueur lance les bourreaux à la besogne. Un ordre :

- « Au nom du Père… »

Tranchée net, la première tête roule aux pieds de l'évêque. Cette terre de Sachsenheimne sera pas arrosée par l'eau de la rédemption, mais par le sang du paganisme.

- « Et du Fils… »

Sifflement de l'épée dans l'air devenu soudain silencieux entre deux cantiques. Dans un grand battement d'ailes les oiseaux s'abattent sur la cime des chênes.

- « Et du Saint – Esprit ! »

Une troisième tête tombe dans l'herbe haute qui s'emperle de grosses gouttes rouges. LesSaxons regardent les trois corps étendus que n'agite plus aucun frémissement.

- « Ce soir, lance un prisonnier, ils participeront au festin des guerriers dans le Valhalla du dieu Odin. »

Le chant des moines a repris. Comme un grondement de tonnerre, il emplit maintenant toute la clairière. Les soldats se mettent aussi à chanter, entrecoupant les pieux versets de terribles «  Han ! » de bûcherons chaque fois qu'une épée s'abat sur une nuque païenne.

Gloria et honor Patri et Filio et Spiritui sancto in saecula saeculorum !

Tranchez les têtes, glaives du Christ ! Tranchez quatre mille cinq cents têtes de païens. Tranchez-les ces têtes dures qui ne veulent pas comprendre que les dieux de leurs ancêtres sont devenus maudits sur le sol où vivent leurs enfants.

Alleluia ! Alleluia ! Alleluia !

Dans la nuit, à la lueur des torches, les soldats du roi Charles vont longtemps poursuivre leur terrible besogne. Le fer a raison de ceux qui refusent la croix. Bénies soient les armes qui assurent la victoire de la vraie foi. A l'aube, la forêt est redevenue silencieuse. Les soldats et les moines peuvent reprendre leur marche. Verden brûle avec des flammes immenses et de lourds panaches de fumée que chasse un vent froid venu de la mer du Nord.

Soudain, dans le ciel, on croit entendre le galop d'un cheval.

 

* * *

 

Vaincu par Charlemagne, Widukind réussit à s'enfuir. Il chevauche à bride abattue à travers les bois et les landes de son pays dévasté et vaincu. Il franchit l'Elbe, arrive en Nordalbingie, relance son coursier fourbu, traverse l'Eider. Voici enfin le chef saxon au pays du roi danois Godfred. Il va même épouser la sœur de son hôte.

Dans le Jutland entre deux mers, les marais et les tourbières, les hêtres et les étangs défendent les approches de la presqu'île sacrée où reste inconnue la loi de Rome. Là vivent les libres païens du Nord. A tous, Widukind va dire et redire le sanglant baptême subi par les guerriers de son peuple : « Tous les miens ont été exterminés jusqu'au dernier captif. Quatre mille cinq cents nobles guerriers ont péri. Les vieillards, les femmes, les enfants, tous ceux qui ne portaient pas d'armes, ont été déportés en terre étrangère où les attendent la misère et le mépris. »

Et le chef saxon répète : « Les Francs nomment leur crime : la foi du fer de Dieu. »

Partis du Rhin vers les infinis rivages sablonneux et les sombres forêts du pays saxon,les soldats et les moines du roi Charles vont imposer leur ordre implacable. Celui qui règne à Aix-la-Chapelle prétend n'être que le représentant sur cette terre du Dieu tout-puissant et éternel qui règne dans les nuées invisibles. C'est au nom du Christ de Jérusalem et de son vicaire de Rome qu'un terrible capitulaire vient imposer sa loi au pays des vaincus :

- « Tout Saxon non baptisé qui cherchera à se dissimuler parmi ses compatriotes et refusera de se faire administrer le baptême sera mis à mort. »

- « Quiconque refusera de respecter le saint jeûne du Carême et mangera alors de la chair sera mis à mort. »

- « Quiconque livrera aux flammes le corps d'un défunt suivant le rite païen, et réduira ses os en cendres sera mis à mort. »

Et se succèdent les articles dans une interminable litanie, où reviennent sans cesse les mêmes mots : « sera mis à mort ».

Tout le pays entre la Weser et l'Elbe connaît le feu du ciel et le fer du roi. La paix de la mort règne en pays saxon.

 

* * *

 

Chez les païens qui ont donné asile à Widukind, le récit des massacres et des exils frappe les imaginations populaires. De vieilles haines s'attisent comme cendres sous la brise. Au fer de Dieu doit répondre le fer d'Odin. Un mot jaillit, s'enfle, emporte tout dans un ouragan de feu : Vengeance !

Depuis la nuit des temps, des blonds géants aux yeux clairs, venus de cette « terre d'Hyperborée » où les Anciens plaçaient la demeure des dieux solaires, déferlent sur l'Occident conquis par les guerriers du pays de l'ambre et du bronze. Cimbres, Teutons, Vandales, Burgondes, Lombards, Angles ou Jutes, ils ont fait crouler l'empire romain et trembler le monde chrétien. Maintenant, les Vikings vont prendre la grande relève du sang. Ce sera la dernière vague du monde norois.

La plus terrible et la plus fantastique. Pendant plus de deux siècles, les hommes du Nord, les Northmen ou Normands, vont faire payer aux abbayes et aux cités d'Occident le crime de Charlemagne. Terrible retour de l'Histoire. Les païens ont été vaincus dans la forêt ; c'est sur la mer que d'autres païens vont venger leurs frères. Les Saxons et les Frisons semblent tous soumis à un joug implacable ; mais déjà les Danois, les Norvégiens et les Suédois forgent leurs armes pour d'autres combats. Vague après vague, les Vikings vont s'abattre sur le monde chrétien terrifié. C'est un nouveau cantique que vont désormais chanter les clercs et les nonnes :

A furore Normannorum…libera nos, Domine ! 

Mais le ciel se tait. Pendant des années et des années, les rivages du monde chrétien n'entendront que le fracas des flots qui se brisent, le cri des Normands qui se lancent, l'épée haute, dans l'écume, le choc du fer qui tranche, égorge et achève. Toute une jeunesse impatiente va déferler du Nord et imposer une seule loi : celle des héros aventureux et solitaires, dont le domaine n'aura plus désormais que la seule limite de leur force. Voici le prodigieux printemps des peuples avides d'espace et de butin. Ceux qui partent en expéditions vikings sont les meilleurs de leur lignée, les plus braves guerriers et les plus hardis marins. Ils sont les fils de la tempête et du carnage. Ils sont de la race des aigles et des loups. Leurs raids évoquent le vol de rapaces ou la meute de carnassiers. Soudain, le monde appartient à leur épée et jamais ce monde n'aura été si beau, sous le grand tournant du soleil.

Les Vikings ne représentent pas la masse de leurs peuples. En Scandinavie – dans les premières décennies de la grande aventure, du moins – restent les vieillards, les femmes et les enfants, les légistes, les marchands et les paysans. Ceux qui partent ne sont que l'écume bouillonnante. Ecume blanche comme neige qui va devenir rouge comme sang.

 

Jean MABIRE : « Les Vikings, rois des tempêtes »

 

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« Les Vikings, rois des tempêtes », en collaboration avec Pierre Vial ( Versoix – 1976 ) 

( Réédition sous le titre « Les Vikings à travers le monde » : L'Ancre de Marine, 1992 )

[ lire en ligne ] - ( extraits )

 

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