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24/12/2013

Se faire prendre la tête dans le sac...

Philippe Bouvard :

Quel est l’accessoire utilisé par les indigènes australiens pour chasser l’autruche.

 

Jean Yanne :

Ils utilisent un coquillage qui imite le son de l’autruche ! Tout le monde sait qu’il y a des coquillages australiens très marrants qui ressemblent à des autruches. D’ailleurs, quand on colle son oreille au coquillage, au lieu d’entendre la mer, on entend l’autruche. Le problème consiste toutefois a s’approcher suffisamment de l’autruche pour lui mettre le coquillage à côté de l’oreille. Ce qui n’est pas très pratique parce que l’autruche à un très long cou et qu’en revanche, l’aborigène est généralement de petite taille. Alors que fait-on en Australie ? Et bien on fait venir des chasseurs de girafes qui, eux, sont très grands… à tel point qu’ils sont obligés de se pencher pour descendre jusqu’à l’oreille de l’autruche qui, rappelons-le est sourde comme un pot. C’est tout un monde, le monde de la chasse en Australie.  Et alors, parfois, les Australiens, qui sont assez cruels avec les animaux, il faut bien le dire, font d’autres trucs : ils utilisent des kangourous dressés. Ils envoient des kangourous dressés vers les autruches. Le kangourou s’approche de l’autruche et lui dit : « tiens, regarde ce que j’ai dans la poche ventrale ». Alors l’autruche plonge la tête dans la poche ventrale et là, paf, le kangourou lui tape sur la tête. D’où l’expression : « se faire prendre la tête dans le sac ».

 

( Extrait de : « Jean Yanne aux Grosses Têtes », Le Cherche Midi éditeur, 2005. )

 

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10/09/2012

Les grands ducs...

« - Ton client là, Fouquet. Ton espagnol. Douze verres cassés ça t’dis rien ?

- Monsieur. Primo, voila quinze ans que je vous interdis de me parler. deusio, si vous ne vouliez pas qu'il boive, c'est simple, vous n'aviez qu'a pas le servir.

- Alors là monsieur, je vous rétorque que, primo, je l'ai viré. deusio, les ivrognes y'en a assez dans le pays sans que vous les fassiez venir de Paris.

- Un ivrogne ?

- Ah ben oui ! Un peu ! Même le père Bardasse qui boit quatorze pastis par jour n'en revenait pas !

- Ah parce que tu mélanges tout ça, toi ! Mon Espagnol, comme tu dis, et le père Bardasse. Les Grands Ducs et les boit-sans-soif.

- Les grands ducs ?!

- Oui monsieur, les princes de la cuite, les seigneurs, ceux avec qui tu buvais le coup dans le temps et qu'ont toujours fait verre à part. Dis-toi bien que tes clients et toi, ils vous laissent à vos putasseries. Ils sont à cent mille verres de vous ! Eux, ils tutoient les anges !

- Excuse-moi mais nous autres, on est encore capable de tenir le litre sans se prendre pour Dieu le Père.

- Mais c'est bien ce que je vous reproche. Vous avez le vin petit et la cuite mesquine. Dans le fond vous méritez pas de boire. Tu t'demandes pourquoi y picole l'Espagnol ? C'est pour essayer d'oublier des pignoufs comme vous. »

Michel AudiardUn singe en hiver.

 

« La mère et la fille, belles et brunes, chacune dans son genre. Regards de braise, taille souple, profil grec, cheveux mousseux sur les tempes et séparés par une raie que je vais qualifier de médiane sans que ça fasse un pli. Habillées de noir, l’une et l’autre, comme des dames de l’île de Sein. Avec des seins comme des îles. Et des lèvres brillantes comme l’huile de ricin. Et des culs si perfectionnés que tu voudrais t’y faire naturaliser sicilien ! Et des jambes que c’est dommage qu’elles portent des jupes si longues tellement on les devine bien complètement parfaites de bas en haut. Et des bouches qui te font penser à des colliers à zob. Et des dents si blanches que tu comprends la fraîcheur consécutive de leur haleine. Et des oreilles que n’importe quel connard à petit tirage d’écrivaillon prétendrait finement ourlées, parfaitement ma chère. Et aussi des épaules douces et rondes que leurs bras s’y accrochent à la perfection. Et des nuques pour le baiser. Et puis putain d’Adèle, des ventres plats, fermes et souples à la fois, pour te servir d’oreiller avant et après l’amour. Et puis encore, des mains de madones kif-kif sur les tableaux de fra machin et de Michel-Ange. La mère et la fille, superbement identiques, se donnant la réplique du miroir à dix huit ans d’intervalle. Bellissimales, les deux. A croquer, que dis-je, à bouffer ! Et comme il faut espère. »

Frédéric Dard.

 

« Heureusement que Jésus-Christ n'est pas mort dans son lit. Sinon, en Bretagne, il y aurait un sommier en granit à chaque carrefour. »

Jean Yanne.

 

« Je vis au seuil de moi-même, à l'intérieur il fait sombre. »

Antoine Blondin, Un singe en hiver.

 

« Ça commence par un petit garçon plutôt blond qui laisse aller ses sentiments. Le visage de Marlène Dietrich, plein de sperme, s'étale devant lui. Sur le magazine grand ouvert, le long des jambes de l'actrice, des filets nacrés s'entrelacent comme la hongroise d'argent sur le calot d'un hussard.

Il se lève et s'approche d'un bureau. Il s'assied. Il ouvre un tiroir. Dans un carnet de blanchisseuse à couverture de molesquine noire, il cherche la bonne page. Il écrit : 22 mars 1937 : 8. Il tire une barre et additionne 8 au chiffre précédent. Puis il note : 1454, dans une troisième colonne. « Rien ne vaut une comptabilité bien à jour », dit-il à voix basse. Il écarquille les yeux et va se regarder dans la glace. On ne parle pas tout seul, à moins que d'être fou. Cependant, Larousse dit des choses très fortes sur les résultats néfastes du plaisir solitaire. Ils appellent ça le plaisir. Salaud de Larousse. »

Roger Nimier, Les épées.