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08/11/2011

The Challenge of Thor

The Challenge of Thor

 

I am the God Thor,
I am the War God,
I am the Thunderer !
Here in my Northland, 
My fastness and fortress, 
Reign I forever !

 

Here amid icebergs 
Rule I the nations ; 
This is my hammer, 
Miölner the mighty; 
Giants and sorcerers 
Cannot withstand it !

 

These are the gauntlets 
Wherewith I wield it, 
And hurl it afar off ; 
This is my girdle ; 
Whenever I brace it, 
Strength is redoubled !

 

The light thou beholdest
Stream through the heavens,
In flashes of crimson,
Is but my red beard 
Blown by the night-wind, 
Affrighting the nations ! 
Jove is my brother ; 
Mine eyes are the lightning; 
The wheels of my chariot 
Roll in the thunder, 
The blows of my hammer 
Ring in the earthquake !

 

Force rules the world still,
Has ruled it, shall rule it ;
Meekness is weakness,
Strength is triumphant,
Over the whole earth
Still is it Thor's-Day !

 

Thou art a God too, 
O Galilean ! 
And thus singled-handed 
Unto the combat, 
Gauntlet or Gospel, 
Here I defy thee !

 

Henry Wadsworth Longfellow

( 1807 – 1882 )

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03/11/2011

La tristesse du diable

La tristesse du diable


Silencieux, les poings aux dents, le dos ployé,
Enveloppé du noir manteau de ses deux ailes,
Sur un pic hérissé de neiges éternelles,
Une nuit, s'arrêta l'antique Foudroyé.

La terre prolongeait en bas, immense et sombre.
Les continents battus par la houle des mers ;
Au-dessus flamboyait le ciel plein d'univers ;
Mais Lui ne regardait que l'abîme de l'ombre.

Il était là, dardant ses yeux ensanglantés
Dans ce gouffre où la vie amasse ses tempêtes,
Où le fourmillement des hommes et des bêtes
Pullule sous le vol des siècles irrités.

Il entendait monter les hosannas serviles,
Le cri des égorgeurs, les Te Deum des rois,
L'appel désespéré des nations en croix
Et des justes râlant sur le fumier des villes.

Ce lugubre concert du mal universel,
Aussi vieux que le monde et que la race humaine,
Plus fort, plus acharné, plus ardent que sa haine,
Tourbillonnait autour du sinistre Immortel.

Il remonta d'un bond vers les temps insondables
Où sa gloire allumait le céleste matin,
Et, devant la stupide horreur de son destin,
Un grand frisson courut dans ses reins formidables.

Et se tordant les bras, et crispant ses orteils,
Lui, le premier rêveur, la plus vieille victime,
Il cria par delà l'immensité sublime
Où déferle en brûlant l'écume des soleils :

- Les monotones jours, comme une horrible pluie,
S'amassent, sans l'emplir, dans mon éternité ;
Force, orgueil, désespoir, tout n'est que vanité ;
Et la fureur me pèse, et le combat m'ennuie.

Presque autant que l'amour la haine m'a menti :
J'ai bu toute la mer des larmes infécondes.
Tombez, écrasez-moi, foudres, monceaux des mondes !
Dans le sommeil sacré que je sois englouti !

Et les lâches heureux, et les races damnées,
Par l'espace éclatant qui n'a ni fond ni bord,
Entendront une Voix disant : Satan est mort !
Et ce sera ta fin, Oeuvre des six Journées !

 

Charles-Marie LECONTE DE LISLE (1818-1894)